Rwanda, un cri d'un silence inouï


VENDREDI 11 MAI 2012 (14 H 30)


UNE VIE TOUTE NEUVE

de Ounie Lecomte


France/Corée du sud ; 92 min ; Date de sortie : 6 /01/2010 ;

Inédit à Troyes ; 41 copies.

Scénario : Ounie Lecomte et Lee Chang-dong ; Images : Kim-Hyung-sok; Montage : Kim-Hyung- joo ; Musique : Jim Sert ; Son : Choi Jaiho ; Producteurs : Lee Chang-dong Laurent Lavolé. Distri- buteur : Diaphane.

Synopsis : Séoul, 1975. Jinhee a 9 ans. Son père la place dans un orphelinat tenu par des Sœurs catholiques. Commence alors l'épreuve de la sé- paration et la longue attente d'une nouvelle fa- mille. Au fil des saisons, les départs des enfants adoptées  laissent  entrevoir  une  part  du  rêve, mais  brisent  aussi  les  amitiés  à  peine  nées. Jinhee résiste, car elle sait que la promesse d'une vie toute neuve la séparera à jamais de ceux qu'elle aime.

OUNIE LECOMTE


« Je suis inspirée par l'intime, l'intériorité ».

Née  à  Séoul  en  1966,  Ounie  Lecomte

quitte la Corée à 9 ans pour la France. Après des études de stylisme, elle travaille sur différents films, comme comédienne avec Olivier Assayas (Paris s’éveille) ou costumière, notam- ment avec Sophie Fillières.  Elle  a mis dix ans pour achever la rédaction du scénario de son premier film. Sa participation aux Ateliers Scénario organisés par la FEMIS en 2006 lui a permis de mettre la dernière main à son projet.

Le film a été présenté Hors Compétition pour la Caméra d’Or  à Cannes en 2009

EXTRAITS CRITIQUES


« Il s'agit d'une histoire autobiographique. Née en 1966, Ounie Lecomte a vécu ce traumatisme de l'abandon, ces années à attendre son père comme une amoureuse éperdue, cette enfance synonyme de  solitude,  de  silence,  de  mort, avant d'être adoptée par une famille protestante française. Elle a été comédienne, costumière pour le cinéma. Elle a réalisé ce film rare avec l'appui du cinéaste Lee Chang-dong qui est de- venu son coproducteur. Sa façon de relater cette expérience en maintenant l'humain au cœur du récit, de se maintenir sur un plan plus charnel que cérébral, évoque (et revendique l'influence de) Maurice Pialat, son Enfance nue. » Jean Luc Douin (Le Monde : 05/01/2010)


« Pour son premier film, Ounie Lecomte, an- cienne assistante d'Olivier Assayas, retrace par bribes son propre itinéraire, mais choisit résolu- ment la voix de la fiction. « Très loin des jéré- miades autobiographiques, Une vie toute neuve enregistre avec élégance et délicatesse l'expé- rience rude d'une gamine, qui forcée et con- trainte, se construit une nouvelle identité dans un contexte inconnu et éprouvant. Refusant la complaisance, la sensiblerie et les explications (les raisons de l'abandon restent dans l'ombre), la cinéaste pratique par petites touches impres- sionnistes. Sensible et inspiré, y compris dans la direction d'acteurs, Une vie toute neuve révèle une authentique personnalité de cinéaste.   A suivre de près… »

O.D.B. (Positif N° 587 : janvier 2010)

PROPOS DE LA REALISATRICE


« Jamais je ne me suis spécialement intéressée au cinéma, dit aujourd'hui Ounie Lecomte, c'est venu un peu par hasard. A la télé, j'ai rarement vu des films mais ils m'ont marquée. Ça s'est toujours fait par interdiction. Par exemple, un jour, j'ai vu vingt minutes de Pas de printemps pour Marnie de Hit- chcock sans savoir ce que c'était. Au moment du premier bai- ser entre Sean Connery et Tippi Hedren, mes parents se sont affolés et m'ont précipitamment envoyée au lit. Ce bout de film m'a hantée pendant des années. Je n'en connaissais pas le titre, et je ne l'ai vu en entier que beaucoup plus tard.»


« Kim Saeron qui interprète Jinhee n'avait jamais joué aupara- vant, comme la plupart des autres enfants. Elle n'a pas lu le scénario, et nous avons essayé de tourner dans la continuité de l'histoire, elle a découvert les scènes, au fur et à mesure du tournage. Je ne lui ai jamais donné d'explications sur l'his- toire, j'avais envie qu'elle fasse son propre chemin avec ce qu'elle découvrait. Parfois, je lui demandais de me dire ce qu'elle ressentait pour qu'elle trouve ses propres mots. »


« S'il est donc difficile de taire la part autobiographique, mon intention n'était pas d'en faire une simple reconstitution. J'ai cherché au contraire à traduire au présent les émotions d'une petite fille face à ces événements extraordinaires, l'abandon et l'adoption. L'année à l'orphelinat est le lieu et le temps d'un entre-deux : entre deux vies, celle d'avant que Jinhee doit ap- prendre à quitter et celle d'après qu'elle va tout autant ap- prendre à désirer. A tort ou à raison, je trouvais que seul le cinéma par sa force d'incarnation pouvait traduire ce lieu et ce temps. »

Rwanda, un cri d'un silence inouï