Les chemins de la mémoire
L’ILE DE CHELO

Samedi 11 mai : 17 h


NO PASARÁN, ALBUM SOUVENIR

(2003 ; 1 h10  ; inédit à Troyes)


Documentaire de Henri-François IMBERT

Image, montage, son : Henri-François Imbert ; musique : Sylvain Vanot ; production : Libre Cours ;

Distribution : Shellac.

Synopsis :


Enfant, le cinéaste avait trouvé chez ses grands-parents une série incomplète de cartes postales photographiées dans le village de sa famille à la fin de la Guerre d'Espagne en 1939. Vingt ans plus tard, il part à la recherche des cartes manquantes...

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Extraits critiques :


«D’un côté, il y a les souvenirs familiaux, les paroles des survivants, les récits des historiens, et de l’autre les documents, les cartes postales, les journaux, les écrits qui étayent la fragilité des souvenirs, confirment que ce n’est pas un rêve : il reste des preuves tangibles de ces événements. A deux reprises, dans No pasarán…, Imbert est saisi par l’impression “de parcourir un territoire qui n’existe plus”, alors qu'il se trouve justement sur ce territoire. C'est bien là que se joue le film : les lieux existent toujours, mais il ne reste aucune trace des événements. Pire : la connaissance des faits ne suffit pas à en prendre la mesure. Le lieu du crime n'est pas hanté. Et c'est ce qui est terrible, pour le spectateur comme pour Imbert, qui ménage des silences pour laisser chacun évaluer les faits, lire les images, les visages. Comme s'il lui était insupportable que la région qui est celle de sa famille, de son enfance, ne garde pas trace des horreurs qui s'y sont passées. Que deviennent les victimes si on les a oubliées, si on a effacé les traces de leur passage ?»

J.B. Morain : Les Inrocks : 01/01/2003


C’est l’intelligence et la finesse du film que de ne jamais chercher à boucler son propos, prenant en compte son matériau dans ce qu’il a de plus irréductible à toute explication, civile ou savante.»

E. Lequeret

(Les Cahiers du cinéma N° 583)

Henri-François IMBERT


Henri-François Imbert réalise des films documentaires depuis vingt ans, pour lesquels il travaille de manière très artisanale et souvent solitaire, assumant seul ou avec quelques amis fidèles l'essentiel des tâches, depuis la production jusqu'au montage. On lui doit notamment le film No pasaran et Sur la plage de Belfast.

Henri-François Imbert est né en 1967 à Narbonne. Après des réalisations super-8 sur le mode ciné-journal, il dirige une série documentaire diffusée sur Canal Plus, Chroniques de l'Art Brut. En 1996, il réalise Sur la plage de Belfast, un moyen métrage visiblement inspiré de ses études de Doctorat portant sur le réel et les nouvelles images.
Il a obtenu un Doctorat en Esthétique et Cinéma en 2005, la Bourse de la Villa Médicis Hors les Murs en 1997, et le Grand Prix Télévision de la Découverte de la SCAM en 1997, ainsi que plusieurs prix dans les festivals internationaux.
Il réalise par la suite le documentaire Doulaye, une saison des pluies (1999) qui reste très lié au film de famille et au journal filmé.
Par ailleurs, il anime aussi des ateliers de réalisation à la Maison de l'Image et du Geste, à l'Université Paris 8 et à la Femis. En 2004, il prépare une thèse sur le cinéma africain et plus précisément celui du Sénégal.
En 2009, sort sur nos écrans son documentaire intitulé Le temps des amoureuses où, 35 ans après, il part à la recherche des acteurs du film de Jean Eustache Mes petites amoureuses.

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Propos du réalisateur


«Ce que le film veut dire, c'est qu'on ne peut pas simplement regarder cette histoire de 1939 et se dire: "C'était vraiment dur à l'époque, nos gouvernements n'étaient pas à la hauteur, aujourd'hui tout va bien, heureusement ". Il faut aussi se poser la question du présent. Je pars d'un moment noir de l'Histoire et j'arrive à un moment de l'histoire contemporaine qui n'est pas terrible non plus et sur lequel on peut se questionner. Le film n'apporte pas ces conclusions là non plus. Il permet simplement à chacun de se poser la question.»

«film dit qu’il y a une réflexion à mener sur le statut du réfugié,  c’est-à-dire de celui qui a été obligé de partir de chez lui. Qu’est ce qu’on en fait ?Est-ce qu’on l’accueille ou est-ce qu’on le remet en danger ? Il ne faut pas penser simplement à ce qui s’est passé il y a 60 ans, il faut penser à ce qui se passe aujourd'hui. C’est pour cela que le film se termine à Sangatte, avec ces gens qui sont en passe d’être remis en danger.»

H.F. Imbert