L’ILE DE CHELO

Vendredi 10 mai  : 14 h


LA TRAVERSÉE SOLIDAIRE


Un documentaire de Jean ORTIZ et Dominique GAUTIER

(2011 ; 52 min;  inédit à Troyes. Musique originale Tomas Jiménez «comunero» Voix off Bruno Ruiz  Images Bernard Sanderre ;

Une coproduction: France Télévisions, CREAV Atlantique, Les Films Jack Fébus

Le Winnipeg, c’est le nom du bateau-espoir qu’un poète chilien, Pablo Neruda, et le gouvernement espagnol en exil, affrétèrent à la Compagnie France-Navigation (créée par le PCF pour contourner la honteuse «intervention») afin d’amener au Chili plus de 2000 Républicains espagnols; ils étaient parqués dans les «dits de concentration» de la IIIe République française. Ces combattants antifascistes furent accueillis en France de façon indigne, et devenus de surcroît «ésirables» de par un décret du «» Daladier.

Nommé consul pour l’immigration, à Paris, par le gouvernement chilien de Front Populaire et son président, Aguirre Cerda, le poète obtient que plus de 2 000 «» Espagnols sortent des camps, et puissent embarquer pour le Chili. Le bateau partit de Trompeloup, Pauillac, dans les premiers jours d’août 1939, et après une épopée d’un mois et de 15 000 km, arriva à Valparaiso, le 3 septembre 1939, jour de la Déclaration de guerre. Les proscrits furent reçus, au Chili, en «éros»… La plupart y resteront, s’enracineront, apporteront leur savoir-faire d’agriculteurs, de pêcheurs, de peintres, de bâtisseurs… au pays de Neruda et d’Allende, conserveront leurs idéaux et leur Espagne républicaine au coeur… Les matelots du Winnipeg, la plupart militants communistes, seront l’objet d’une conspiration ourdie par le capitaine du navire (futur «»), et les autorités françaises. Ils seront déclarés «» et au retour, emprisonnés de longs mois au Fort du Ha.

Cette histoire d’étrangers, d’exils, d’«ésirables», de solidarité, d’antifascisme, Jean Ortiz et Dominique Gautier la racontent au présent.

Vendredi 10 mai  :  : 20 h


EN  QUÊTE DE MÉMOIRE, LES TRIANGLES BLEUS


Un documentaire de Anne LAINÉ ( 2012 ;87 min) inédit à Troyes

Montage : Barbara Bossuet ; Images : José Reynes, Philippe Rouseilhe, Fabrice Guy

Production : Esperanza productions ; Télé bocal

Avec la participation des élèves du collège Molière d’Ivry-sur-Seine

Le film entremêle deux trames: le destin des Républicains espagnols, de 1936 à 1945: la guerre de la République espagnole contre les généraux putschistes , le premier exil en France, l’internement honteux dans les camps français, l’engagement dans les Compagnies de Travailleurs Etrangers, la débâcle militaire française en mai-juin 1940, les camps de prisonniers de guerre, puis, très vite, le transfert au camp de concentration de Mauthausen, dès l’été 1940 (où ils sont immatriculés sous le triangle bleu des «»!), le retour en France pour les rescapés, puisque les armées alliées n’ont pas franchi les Pyrénées...

Mais sous cette grille historique, la trame mémorielle est le vrai sujet du film. Sous la conduite de leur professeur d’espagnol et d’un archiviste municipal, dix collégiens d’Ivry-sur-Seine sont invités à rechercher les traces d’un chapitre de l’histoire de la ville: l’accueil, au printemps 1945, de 60 déportés espagnols rescapés de Mauthausen.

Retrouver des lieux, la mémoire des 40 Ivryiens engagés dans les Brigades internationales, l’écoute d’un ancien déporté qui réside toujours à Ivry, d’un résistant FPT-MOI, la rencontre avec des descendants, les histoires familiales, le soutien actif de la Ville qui a inscrit ce film au programme de sa «de la mémoire» en janvier dernier.

Belle expérience pédagogique, que la cinéaste suit au plus près, et qui exalte autant le souvenir du passé que l’éveil des plus jeunes protagonistes du film à la conscience qu’ils éprouvent en eux-mêmes, déjà, à travers leur diversité d’origines, de fragments de mémoire à préserver et à transmettre.

Son intérêt pour la psychiatrie ainsi que pour la fiction, tant littéraire que cinématographique, l’a amenée à réaliser des portraits  - notamment ceux de Naguib Mahfouz et de Nadine Gordimer - et des documentaires qui lui ont permis d’affiner son regard sur la part d’ombre de notre humanité, ainsi que sur les dilemmes et les choix auxquels les individus sont confrontés.

Rwanda, un cri d’un silence inouï a reçu le Prix du jury lycéen au festival du film d'Histoire, Pessac en 2003le prix du meilleur film pour la Mémoire des Droits de l’Homme au festival International des Droits de l’Homme en en 2004.

Anne Lainé

Anne Lainé commence des études de médecine puis s’oriente vers le cinéma. Diplômée de l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques – IDHEC -, elle travaille d’abord comme première assistante de réalisation et monteuse au cinéma, scripte à la télévision. Elle réalise des courts-métrages de fiction et des bandes d’art vidéo projetées dans de nombreux festivals internationaux au début des années 80.