Sans adieu
Poisson d’or, poisson africain 

SAMEDI 25 MAI à 14 h

SYNOPSIS


En Inde, dans l'Etat rural du Gujarat, quatre femmes vivent dans un petit village écrasé par la sécheresse et par le poids des traditions, qui donnent tous les pouvoirs aux hommes. Rani, Lajjo, Bijli et Janaki parlent librement entre elles de tous leurs problèmes et tentent d'y trouver des solutions. éprises de liberté, elles luttent contre leurs propres démons et rêvent d'un ailleurs, où l'amour serait possible...

Dans un coin reculé de l’Inde, des amies tentent de se libérer de traditions archaïques. Après deux longs métrages tournés à Bollywood, la réalisatrice Leena Yadav fait le pari de l’indépendance. Et ose ce que le cinéma indien ne fait presque jamais: filmer la violence au sein du couple, et le corps de ses actrices.  

Terres d’Asie


Présenté au Festival de Toronto et récompensé au Festival 2, La Saison des femmes (Parched) aborde un sujet que la réalisatrice connaît bien: les femmes en Inde en 2016. Pas de New Delhi ici, mais un village, régi par son propre conseil d'hommes ainsi que par ses propres règles, comme partout en Inde, lieux d'actualité récurrents sur le traitement du sexe féminin, à qui s'adresse clairement le film. Entourée de quatre actrices de talent, la réalisatrice aborde dans son film un sujet brûlant : ses personnages parlent de sexe, rient et espèrent, tout en dénonçant un patriarcat étouffant et qui régit toute leur vie.   East-Asia DVD


Dans cette dénonciation d'une société archaïque, chaque héroïne incarne le féminisme. Après deux longs métrages réalisés à Bollywood, Leena Yadav bifurque vers le film indépendant. Non sans risque. Car, pour briser des tabous, elle montre ce que le cinéma indien, même alternatif, ne montre (presque) jamais : une violence conjugale, insoutenable. Ou des corps dénudés, choquants dans un pays qui refuse la sexualité à l'écran. Si le film fascine tant, c'est pour ses fulgurances (magnifiques scènes de fête foraine) et ses ruptures de ton, qui font passer, en un instant, de l'effroi au rire.  

Télérama


Beaucoup de ces femmes sont aussi des prostituées. J’ai toujours été fascinée par ces danseuses itinérantes, qui sont paradoxalement bien implantées dans la tradition indienne.

Entretien avec la réalisatrice Leena Yadav

  

La Saison des femmes

Leena YADAV

À PROPOS DU FILM


Votre film pointe du doigt, entre autres, le cercle vicieux de la misogynie…

Lors de nos repérages pour les scènes en extérieur, nous avons visité une bonne trentaine de villages aux environs de Bhuj, du Gujarat et du Rajasthan. On nous a interdit d’y tourner, car les villageois n’approuvaient pas qu’une femme (moi, en l’occurrence) dirige une équipe, porte des pantalons, ne se couvre pas la tête et parle ouvertement aux hommes. Contre toute attente, ce sont les hommes de la jeune génération, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui, qui ont eu le plus de mal à accepter une femme émancipée comme chef d’équipe. L’un d’eux m’a dit : « Si une femme comme vous pénètre dans notre village, nos femmes seront perverties. » Cette expérience m’a inspiré le personnage de Gulab, le fils de Rani. Gulab a été élevé Il est tout autant le produit de cet univers que son propagateur. En ce sens, Gulab est lui aussi une victime dans un univers patriarcal, où la misogynie constitue la « norme » . Ses aînés lui ont transmis la colère et l'agressivité comme techniques de survie. On lui a inculqué que les femmes sont des objets sexuels, des possessions. Il se voit privé de douceur, de gentillesse et d'amour car il est « un homme ». Le plus tragique, c'est que très probablement, en grandissant, Gulab deviendra comme Manoj, le mari maltraitant de Lajjo. La relation entre Manoj et Lajjo s’inspire de ces relations fondées sur le sentiment d’impuissance du mari, qui l’extériorise en maltraitant la personne la plus proche de lui.


Comment avez-vous recréé l’ambiance électrisante des scènes de danse ?

Il était important pour moi qu’il y ait ce pendant festif au discours social que j’ai voulu faire passer dans mon film, sur la condition de la femme dans mon pays. Plus précisément, dans les scènes avec Bijli, la compagnie de danse que l'on voit dans le film reproduit une pratique très commune au nord de l'Inde, où des femmes montent sur scène pour émoustiller les spectateurs. Les paroles et les mouvements de leurs numéros sont à forte connotation sexuelle.

Née en 1971, fille d’un ancien général d’armées, elle voyage beaucoup pendant sa jeunesse et entre dans l’univers du cinéma par le montage de publicités. Elle tourne pour la télévision des séries à succès et crée son propre studio de montage avec l’acteur Nikhil Kapoor, devenant aussitôt un symbole de réussite sociale pour les femmes d’Inde. Figure reconnue des festivals grâcedeux précédents films,Shabd (2005) et Teen Patti (2010), La Saison des femmes est son troisième film.

Sans adieu

Poisson d'or, poisson africain