Candidat
Éclairage intime

SAMEDI 26 MAI à 17 h

SYNOPSIS


Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses vœux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l’occupation nazie.

IDA, alias ANNA, ET LE RÉALISATEUR :


Ida raconte l’histoire d’une jeune novice, Anna, qui apprend ses origines juives et l’existence de sa tante, juive elle aussi, Wanda, ancien procureur communiste, femme pure et dure, responsable de la mort d’opposants polonais. Cette double découverte l’amène à revisiter l’histoire douloureuse et difficile des relations judéo-polonaises durant la Seconde Guerre mondiale et dans l’immédiat après-guerre.

Ida est le film profondément personnel d’un réalisateur dont la grand-mère paternelle est morte à Auschwitz, alors que sa mère était catholique, et qui est parti de Pologne pour la Grande-Bretagne à l’adolescence, l’âge où l’identité se forme. Tout ceci, explique-t-il, lui posa de profondes questions quant au sens de l’identité personnelle, perçue à travers le prisme de l’émigration. […] La mise en scène du film l’apparente à la vague des films européens d’époque, tournés en noir et blanc, qui cherchent à transporter leur public dans le passé.

Pawlikowski admet que Ida est pour lui un projet très personnel, et déclare qu’il s’agit « d’un film sur l’identité, la famille, la foi, la culpabilité, le socialisme et la musique. Je voulais faire un film sur l’Histoire, qui n’ait pas l’air d’un film historique, un film qui soit moral, mais qui n’ait pas de leçons à offrir. Je voulais raconter une histoire où “tout le monde a ses raisons”, une histoire plus proche de la poésie que d’une intrigue de fiction. Surtout, je voulais me tenir à l’écart de la rhétorique habituelle du cinéma polonais. Ida peut donc être relié à l’exploration des origines de sa propre identité, à laquelle se livre le Pawlikowski de l’âge mûr, et à un retour nostalgique vers la Pologne de son enfance.


Les débuts de sa carrière de réalisateur ont coïncidé avec l’effondrement des régimes communistes en 1989. Elle n’a cessé de s’épanouir au rythme des élargissements successifs de l’Union Européenne, en 2004 et 2007, avec le passage d’un régime de coexistence Est-Ouest de part et d’autre du Rideau de fer, à un autre nourri de rencontres Est/Ouest sur tout le territoire européen. Dans ses films, Pawlikowski se penche sur ces mouvements de population et ces processus à l’œuvre au sein de toute l’Europe, et leurs effets sur les identités nationales.

Jusqu’en 1998, le régime communiste soumettait de nombreux événements historiques à une véritable loi du silence. Les années 1990 furent ensuite une période intense d’exhumation de ces événements, tel le massacre de Katyn. [...] Malgré l’intérêt accru pour ces exhumations historiques, des événements comme les meurtres perpétrés par des Polonais au sein de la communauté juive demeuraient à peu près inconnus jusqu’en 2001. C’est ce contexte personnel, politique et cinématographique qui contribua à la genèse d’Ida.


Dans un récent entretien, Pawel Pawlikowski déclare : « Je ne fais pas de films commerciaux pour les masses. […] Ida, c’était une sorte de suicide commercial : un film en polonais, avec des acteurs inconnus […] en noir et blanc, sans un mouvement de caméra, […] dans un format incongru. Bref, la recette idéale pour courir droit à la catastrophe ». Or, rien qu’en France, 500.000 spectateurs sont allés le voir, et c’est l’un des films polonais les plus vus dans l’Hexagone après, dit-on, La dernière Étape, drame de l’Holocauste de Wanda Jakubowska (1947).

D’après Joanna Rydzewska, contreligne

IDA

PAWEL PAWLIKOWSKI

Paweł Pawlikowski est né en 1957 à Varsovie d'un père médecin et d'une mère professeur d'anglais à l'Université de Varsovie. Il quitte la Pologne avec sa mère à l'âge de 14 ans pour l'Allemagne et l'Italie avant de s'établir en Angleterre.

Il a longtemps vécu à Oxford et à Paris avant de s’installer de nouveau à Varsovie.

Alors qu’il commence une thèse sur le poète autrichien Georg Trakl, il s’intéresse au cinéma. Il intègre le service documentaire de la BBC pour lequel il réalise des documentaires sur les pays de l’Est.

En 1998, il réalise son premier long métrage de fiction The Stringer. En 2003, The Guardian le classe 33e dans la liste des 40 meilleurs réalisateurs contemporains.

Ida, sorti en 2013, est son premier film réalisé depuis son retour en Pologne. Le film est couronné de nombreux prix dans les plus grands festivals étrangers et, en 2015, remporte en France l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.


EXTRAITS CRITIQUES


Une quête identitaire silencieuse saisie avec une infinie délicatesse, dans un noir et blanc profond et une succession de décadrages à la beauté sidérante.

Franck Nouchi, Le Monde.fr

 

C’est presque un polar classique, avec enquêteur expérimenté et débutant candide. L’une pour découvrir ce qu’elle est, l’autre pour oublier ce qu’elle a été, Ida et Wanda entreprennent un périple dans la Pologne grise des sixties.

Pierre Murat, Télérama

 

Dans un Noir & Blanc crépusculaire, une narration aussi sobre qu’implacable. Une odyssée aussi maîtrisée que douloureuse, au cœur le plus de noir de la lâcheté des uns comme de l’infinie souffrance des autres.

Nathalie Zimra, Les fiches du Cinéma

 

À l’aide d’une caméra immobile, d’un montage subtil, de personnages aux visages au ras du cadre et qui semblent écrasés par le poids de leur destin, Pawel Pawlikowski a réalisé un chef-d’œuvre de spiritualité.

Michèle Levieux, L’Humanité

 

Ce très beau film, ponctué de superbes images à l’élégance dépouillée, se garde bien de verser dans le discours pour s’en tenir à la vérité - parfois terrible - des êtres.

Arnaud Schwartz, La Croix

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